Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a annoncé, dimanche 10 décembre, vouloir interdire le téléphone portable à l’école et au collège l’année prochaine. Une mesure déjà appliquée au collège Jean-Moulin, à Paris.
Julie, 13 ans, ne lâche pas son téléphone portable pendant le trajet jusqu’au collège, mais arrivée devant l’établissement elle le range dans son sac, comme tous les élèves. Au collège Jean-Moulin, à Paris, personne ne lui réclamera l’appareil à l’entrée, mais elle sait qu’elle n’aura pas le droit de l’utiliser, même dans la cour de récréation.
« Nous avons interdit les portables il y a déjà deux ans, suite à plusieurs cas de harcèlement et de rumeurs sur Internet, explique Marie-Thérèse Dugenet, la principale. Il s’agit seulement d’une interdiction d’usage, inscrite au règlement intérieur du collège. Nous n’avons pas le droit d’interdire l’appareil et c’est plus simple ainsi car je ne vois pas comment nous pourrions les récupérer à l’entrée. L’utilisation du téléphone portable est un phénomène de société qui dépasse l’école. Les parents n’accepteraient pas que leurs enfants ne soient pas joignables. »
« On est passés de 4-5 portables confisqués par jour à 3-4 par semaine »
La première année, certains élèves ont eu du mal à respecter la consigne, mais elle semble aujourd’hui entrée dans les mœurs de l’établissement. « On est passés de 4-5 portables confisqués par jour à 3-4 par semaine, précise Marie-Thérèse Dugenet. L’interdiction a été assez facile à mettre en place et plutôt bien acceptée. »
Le personnel d’éducation ne peut certes pas surveiller tous les collégiens, dont certains arrivent à « utiliser leur téléphone en cachette », reconnaît la principale, mais le bilan de l’expérience reste « très positif » à ses yeux. « Si nous voyons le portable ou si nous l’entendons, il est immédiatement confisqué et seuls les parents peuvent venir le récupérer. »
Les élèves jouent à nouveau ensemble
La satisfaction de l’équipe éducative est d’autant plus forte que les élèves ont changé de comportement pendant la récréation : « Depuis cette interdiction, ils n’écoutent plus de musique et ont retrouvé le plaisir de jouer ensemble, assure Marie-Thérèse Dugenet. Nous avons ouvert un atelier de jeux de société à l’heure du déjeuner et nous sommes obligés de refuser des élèves, faute de place. »
Si le rôle de l’éducation nationale n’est pas d’interdire la possession du portable, selon la principale de ce collège parisien, l’école ne doit pas pour autant encourager son utilisation et entretenir ce qu’elle considère comme « une addiction ». Sans compter que ces objets de valeur « attisent la convoitise », rappelle-t-elle, et que certains élèves se sont fait agresser devant l’établissement « à cause de leur portable ».