Un proverbe des pays chauds dit que, quand le singe veut monter au cocotier, il faut qu'il ait les fesses propres...
Qu'est-ce qu'il lui a pris, à Macron, de vouloir, d'un coup, comme ça, mettre « du blanc », de la morale, de la pureté partout ? Certes, on sortait du désastreux quinquennium horribilis du non moins désastreux Hollande ; certes il y avait eu Thévenoud et Cahuzac ; certes il y avait eu tout le reste... Alors, oui, on pouvait, et il fallait, promettre qu'on ferait tout pour faire moins pire (ce qui, là, n'était vraiment pas difficile, et n'aurait pas demandé beaucoup d'efforts). Mais, de là à promettre la lune ! De là à se lier soi-même les mains en faisant une promesse par nature impossible à tenir - tous, toujours et partout irréprochables - il y a un pas ! Comment Macron, qui est tout sauf stupide, n'a-t-il pas vu que la démagogie de sa promesse insensée ne pourrait que lui revenir en pleine figure, tôt ou tard ? Ce fut tôt, plus que tard, et beaucoup plus tôt que prévu. Et cela fait d'autant plus mal que la promesse avait fait son petit effet.
Résumons-nous, du moins pour l'instant, parce que, comme on dit familièrement, « ça pleut ! », et il faut suivre ! A chaque jour, son lot de révélation(s)...
1. Véronique Avril aime-t-elle les poissons du même nom ? Si oui, ce qu'on hésite à appeler le sien est de très mauvais goût... Candidate de La République en marche pour les élections législatives à Saint-Denis (2ème circonscription), elle a mis en location un appartement dans un immeuble insalubre, durant cinq ans. Et qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'un oubli de l'instant : l'immeuble, de 23 m², dans le centre de Saint-Denis, a été acheté en 2011, alors même que, insalubre, il était déjà classé en état de « péril imminent » à la suite d'arrêtés pris en 2004 et 2008 ! Largement le temps pour une dame, même distraite, de se rendre compte de la situation ! Ah, on allait oublier : Véronique Avril osait louer ce taudis à une famille de 5 personnes, pour 650 euros par mois !
C'est beau, le respect de l'autre, l'amour du genre humain !
Le parti d'Emmanuel Macron a précisé lundi soir avoir saisi le « comité d’éthique » pour examiner l'affaire concernant Véronique Avril. Mais l'annonce de la composition du gouvernement n'avait-elle pas été reportée d'un jour pour, précisément, « tout vérifier » ? Quand le grotesque le dispute à l'amateurisme, à ce point, c'en devient inquiétant...
2. Et Richard Ferrand ? C'est fou comme il ressemble de plus en plus, et de plus en plus vite, à François Fillon : mêmes mots, même défense (?), même crispation dérisoire et arrogante, même appel au « peuple souverain » qui, lui, décidera par son vote ! Finalement, pour lui aussi - qui avait pourtant été l'un des promoteurs les plus ardents du « laver plus blanc » - la Justice, c'est pour les autres !... On revit le proche passé, pénible pour tous, du candidat LR, et on se dit que, finalement, l'expérience des uns ne sert pas aux autres.
L'enrichissement personnel, pas évoqué au début de « l’affaire », l'est maintenant ouvertement. Soyons clair : Ferrand l'enferré dans sa sale affaire n'a qu'une chose à faire, démissionner !
3. Et Sarnez, la comparse de Bayrou, le dernier des Caïmans ? On sait que, Macron étant d'accord - démagogie pré-électorale oblige ! - c'est Bayrou qui a formulé le premier ce projet de « moralisation de la vie publique ». Lui qui a contribué à faire élire Hollande, d'abord, Macron, ensuite, mais qui s'est fait élire, entre les deux, maire de Pau par ce qu'on appelle « la droite » ! Et qui ira bientôt au Tribunal pour avoir insulté une association, mais, là, c'est une autre affaire, dont nous parlerons une autre fois...
Bayrou se pourléchait les babines du cas Ferrand parce qu'il le déteste : Ferrand avait osé conseiller à Macron de refuser de céder aux exigences exorbitantes de Bayrou en matière de circonscriptions gagnables pour le Modem. Du coup, Bayrou se gardait bien de dire quoi que ce soit : il a « perdu sa langue », écrivions-nous récemment. Oui, mais le voilà rattrapé par l'affaire de sa comparse Sarnez, qui - d'ailleurs - n'a rien fait d'autre que de faire comme tout le monde. Mais voilà, comme nous le disions plus haut, à partir du moment où l'on a promis qu'on allait tout changer, et qu'on allait voir ce qu'on allait voir... eh ! bien, on voit !
Là aussi, une seule solution : la démission, pour la donneuse de leçon !
Ne restent plus que Bayrou et Macron, dans ce qui ressemble à la comptine des Dix petits nègres d'Agatha Christie, mais divisée par deux.
Pour ce qui est de Bayrou, rien ne le pousse à démissionner, certes, mais on le voit très mal, maintenant, présenter bientôt, sans éclater de rire, ou sans que quelqu'un (ou quelques-uns) le fasse dans le public, son projet de moralisation de la vie politique...
Quant à Macron, il est maintenant protégé pour cinq ans par l'immunité attachée à sa fonction. Mais Jean-Philippe Delsol a expliqué, avec beaucoup de clarté et de pédagogie (de concision aussi : en 8'13") que Macron était passible d'une sanction d'interdiction d'exercer une fonction publique∗.
Pourquoi ?
Parce que, ayant gagné beaucoup d'argent lorsqu'il était à la Banque Rothschild, il a déclaré avoir employé une grosse part de cet argent pour réaliser des travaux dans l'appartement de sa femme : on vous laisse découvrir l'affaire avec Jean-Philippe Delsol...
En somme, à côté du dernier des caïmans se cache un gros lézard. Et ce quinquennat, qui avait promis en fanfare de tout changer, commence à peine : ça promet !
Source : lafautearousseau