Il vient de réaffirmer avec solennité l’alliance nouée entre le Président des Etats-Unis et le roi Ibn Saoud père, à bord du navire de guerre « Quincy », il y a maintenant 71 ans. C’est, avec « l’amitié israélienne », l’un des piliers de la stratégie américaine dans la région auquel on ne touche pas. Et les millions de dollars de contrats passés sur place ne font que fortifier cette « belle alliance », comme dirait le Premier secrétaire du PS ! Sauf que là, c’est du sérieux et que Washington continue d’appuyer les monarchies du golfe, même si elles sont « rétrogrades », pour rester indulgent. L’Iran des ayatollahs est toujours mis à l’index, sans que l’on sache avec certitude si « the Donald » reviendra sur la signature de son pays au bas de l’accord sur la dénucléarisation militaire de l’ancien Empire perse.
Autre allié de poids dans la région, l’Etat Hébreu, qui semble bénéficier des retombées stratégiques de la sollicitude américaine permanente pour le clan sunnite, plutôt que pour la famille chiite. Tandis que le monde arabe, et pas seulement lui, se déchire en Syrie et en Irak, – les Kurdes pointeront leur nez séparatiste une fois close la parenthèse de l’Etat islamique – , le sort de la Palestine reste pendant. Le Président américain a bien déclaré que jamais l’opportunité d’une paix durable n’avait été aussi certaine, il n’en reste pas moins vrai que cette Palestine continue d’être divisée et morcelée. D’une part, divisée contre elle-même entre les frères ennemis du Hamas qui règnent à Gaza et ceux du Fatah dans la Cisjordanie du Président Mahmoud Abbas, enfermé à Ramallah comme l’était, toutes proportions gardées, le Maréchal Pétain à Vichy ! La Cisjordanie, la « West bank » de la Palestine post-mandataire, est « saucissonnée », constellée de colonies de peuplement juives, emmaillotées de barrières de séparation, humiliantes cicatrices sur le sol arabe. Jérusalem, qui dans le plan de partage des Nations Unies de 1947 devait être un « corpus separatum » entre les deux Etats à naitre est, aujourd’hui, presque exclusivement « judaïsée », la politique immobilière israélienne laissant peu d’espoir aux propriétaires arabes. (A noter tout de même, la TOTALE liberté d’accès pour TOUS aux lieux Saints, ce qui n’était pas le cas sous la souveraineté jordanienne). Dans ces conditions, comment réaliser juridiquement le rêve de deux Etats vivant pacifiquement côte à côte, si aucune bulle d’oxygène n’est donnée à l’une des deux parties ?
L’emploi AVANT l’écologie ?
D’oxygène, il en sera sûrement question au sommet du G7 réunissant les « grands » de ce monde et
qui se déroule dans le fabuleux décor sicilien de Taormine, où le théâtre antique grec dégringole vers la mer Ionienne. Honorera-t-il, là aussi, la signature de son pays au bas de l’accord de la COP-21 ? Il serait prématuré d’avancer un avis, mais le candidat Trump avait promis de réactiver les énergies polluantes pourvoyeuses d’emplois, charbon et gaz de schiste par exemple. Difficile de croire qu’il se démarque de ses prises de position, lesquelles lui avaient assurées les voix de millions d’électeurs concernés. Ses promesses portaient, bien sûr, sur l’emploi, notamment dans les mines de houille de l’Etat de West-Virginia, l’extraction du pétrole au nord de l’Alaska et les schistes bitumineux dans les deux Dakota. Et, au sujet des postes de travail, on peut dire qu’il a jusqu’à maintenant beaucoup de chance. En avril par exemple, 211 000 ont été créés ce qui a fait reculer le chômage à un taux de 4%, à rapprocher de nos presque 10 % ! C’est le plus bas niveau depuis la récession de 2008. Sous la mandature d’Obama, ce taux oscillait entre 6 et 10 %. La bourse tient bon et les prévisions donnent un chiffre de croissance de 4 %. Est-ce dû à un « effet Trump » ? Le fait que le milliardaire soit un businessman, a sans doute joué pour redonner confiance aux entrepreneurs, sans oublier la promesse du candidat de lancer une ambitieuse politique de grands travaux publics où des millions de dollars fédéraux seront injectés, notamment dans le prolongement du fameux « mur » séparant les Etats-Unis du Mexique. Promesse à tenir sous peine d’un recul irrémédiable dans les sondages !
Accusé, levez-vous !
La grande affaire du moment pour le richissime new-yorkais, c’est l’acharnement avec lequel tout l’establishment lui tombe dessus pour « le coincer », l’obliger sinon à être emporté par le maelstrom de la procédure d’impeachment, à tout le moins à démissionner, à terme. Que lui reproche-ton ? Les Russes, les Russes, une obsessionnelle accusation de compromission avec « l’ennemi ». Qu’en est-il réellement du bienfondé de ces soupçons complaisamment véhiculés par les Démocrates, les idéologues libéraux et autres médias en recherche de sensationnel ? Que Poutine ait souhaité plutôt la victoire de Trump que celle d’Hillary Clinton ne fait pas l’ombre d’un doute. Mais les Russes auraient-ils pu faire pousser des bulletins de vote « Trump » dans les urnes comme des champignons dans la forêt après une bonne pluie ? Pire, le Président lors de sa très récente rencontre avec Serge Lavrov, le ministre des affaires étrangères de Moscou, lui aurait confié des « secrets » sur la lutte anti-terroriste, ces informations provenant du Mossad israélien, décrédibilisant ainsi la parole de Washington auprès de ses alliés. Foutaise ! Un chef de l’Etat peut bien échanger des propos avec un interlocuteur étranger, justement pour lutter contre le terrorisme, islamiste notamment, sans être accusé de trahison. Le limogeage de James Comey, ex-chef du FBI, serait vu comme une sorte de vengeance trumpienne à l’encontre d’un haut fonctionnaire voulant dévoiler de possibles compromissions entre l’entourage de Trump, notamment sur son gendre Jared Kushner, un juif très religieux, et ces mêmes Russes. Un magistrat, Robert Mueller, lui-même ancien patron du FBI, a été nommé pour démêler cette affaire. Espoir des ennemis de Trump : une procédure d’empêchement en bon Français. Il y a un long chemin entre l’aboutissement final de ce parcours du combattant et cette supposée obstruction de la justice par le cabinet fédéral. Aucun Président américain n’a été destitué de la sorte, même si trois d’entre eux avaient commencé à être « aspirés » dans ce labyrinthe juridique : Andrew Johnson, Richard Nixon et Bill Clinton. Tout ceci, certes, n’est pas bon pour l’image présidentielle. C’est sans doute l’un des objectifs réaliste, accessible, que veulent atteindre les ennemis du Président qui, six mois après, n’ont toujours pas digéré leur défaite électorale. Mais l’actuel locataire de la White house a une assurance-vie imparable : il défend bec et ongles l’Etat d’Israël et, nous l’avons vu, son gendre est un influent membre de la communauté juive des Etats-Unis. Au pays du Grand canyon, des cow-boys de jadis et de la vigne vierge qui mange les frondaisons du Sud, c’est un passeport pour la durée !
Jean-Claude ROLINAT