La Gazette : Comment jugez-vous le Front National d’aujourd’hui ?
Carl Lang, président du Parti de la France : A mon avis, il va à l’encontre de ce que nous avons fait pendant des années, quand Jean-Marie Le Pen en était le président. Il avait une grande qualité, en disant ouvertement les vérités qui dérangeaient. Et les français ont le droit d’entendre des vérités. L’approche de Marine Le Pen est démagogique, comme son discours le prouve. Elle dit à l’électeur ce qu’il veut entendre, même si ce n’est pas conforme aux réalités et aux nécessités du moment.
A quoi faites-vous précisément allusion ?
Aux trente-cinq heures, par exemple. Jean-Marie Le Pen, lorsque cette loi a été votée, avait exprimé ses réserves. Aujourd’hui, Marine Le Pen tient parfois un discours encore plus à gauche que celui de la gauche ! C’est assez paradoxal. Autre exemple assez significatif, la retraite à soixante ans. Sur ce point, il y a encore une grosse différence : cette posture n’est pas viable, et pourtant, elle ne cesse de la défendre. Même François Hollande est revenu sur le principe de la retraite à soixante ans. Le discours de Marine Le Pen est national-démagogique.
« Se couper de l’Europe serait une catastrophe »
Que pensez-vous de la position de Marine Le Pen sur l’Europe ?
Elle n’est là aussi pas crédible. L’argument consistant à faire de l’Euro, de la mondialisation par exemple la cause de tous nos problèmes est un peu facile. Pour moi, sortir de la zone Euro serait loin de régler tous nos problèmes. Ce serait même une grave erreur. Et tourner le dos à la globalisation également. Il faut réguler la marché mondial, réguler les échanges internationaux, et sur ce point, je pense que beaucoup de gens sont d’accord.
Vous n’êtes donc pas contre l’Europe ?
Absolument pas. La droite nationale moderne à laquelle appartient le Parti de la France n’est absolument pas anti-européenne. Nous avons besoin d’une Europe des nations, mais une Europe qui respecte les souverainetés, ce qui n’est pas le cas avec le système actuel. Se couper de l’Europe serait même dramatique. La France ne peut pas se le permettre. Elle se retrouverait isolée, et cela ne ferait qu’aggraver sa situation. Tenir de telles positions n’est pas crédible.
Médiatiquement, est-il difficile pour un parti comme le votre d’exister ?
Avec la presse écrite, non. Mais c’est beaucoup plus difficile avec les radios et les télés. Il faut reconnaître que Marine Le Pen monopolise l’attention de beaucoup de médias. On a concédé à la présidente du Front National une grande partie du discours politique français. Mais c’est ainsi, pour beaucoup de petits partis. Nous savons comment cela fonctionne. Comme nous ne bénéficions pas de financement public, nous comptons essentiellement sur les adhésions et les dons…
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