Des faux récits faciles à construire
Après beaucoup d’hésitations, un Sénégalais décide de rejoindre l’Europe pour fuir la misère et profiter des richesses françaises. Bien qu’hétérosexuel, il décide de jouer le rôle d’un homosexuel. En effet, le droit d’asile lui sera ainsi ouvert.
Pour rédiger son récit de demande d’asile à déposer devant l’OFPRA, il lui suffit de consulter sur le site de la CNDA la fiche Pays consacrée au Sénégal, puis, d’ouvrir la fiche « Orientations sexuelles »où il aura le choix entre 7 études sur la question.
Choisissant celle de l’OFPRA, il y trouvera en 14 pages de quoi bâtir un récit crédible, en y ajoutant même un (faux) certificat de mariage avec une jeune femme (sa copine, bien entendu) à qui il est fortement attaché (évidemment, au seul plan affectif).
S’il sait bien raconter ses angoisses, il pourra même se faire parrainer par une association française de défense des homosexuels africains et obtenir ainsi gratuitement un visa et un billet d’avion.
Une fois obtenu le statut de réfugié, il ne lui restera plus qu’à demander la venue de son « épouse » dans le cadre du regroupement familial.
J’exagère à peine…. En fait, il existe de très nombreuses sources sur internet qui permettent aux migrants de construire un récit d’exil particulièrement efficace, d’autant qu’il existe des instructions « officieuses » données aux membres des juridictions de la CNDA pour « interroger avec tact » les demandeurs d’asile pour préférence sexuelle.
Si les migrants s’y prennent bien, il y a pratiquement 100 % de réussite à la demande d’asile, pour peu que le demandeur bénéficie de l’aide d’un « coach » bénévole et bien formé qui saura le faire « répéter ». C’est là qu’entrent en jeu les associations d’aide aux migrants.
La professionnalisation des travailleurs sociaux chargés d’assister les migrants
C’est la raison pour laquelle « France Terre d’Asile » a créé un centre de formation pour les professionnels de l’aide aux migrants.
En 2016, cette ONG a formé 1 482 stagiaires. En 2017/2018 elle prévoit 60 formations dont une partie répondent à la problématique que nous venons d’énoncer : « Techniques de recherche en information sur les pays d’origine ».
D’autres sont hyper spécialisées sur un pays (« Répression politique et tensions sociales en Guinée Conakry », « Paix et guerre en République démocratique du Congo »…) ou sur une spécificité du récit dans une zone géographique donnée (« La vendetta à l’origine d’une demande d’asile » fait référence au « kanun » auquel les demandeurs d’asile d’Albanie font très souvent référence.
C’est ainsi que « l’aide à la constitution des demandes d’asile et du dossier OFPRA » fait l’objet de deux modules de formation.
Le Niveau I coûte 440 € totalement financés par la formation professionnelle et dure 2 jours (14 heures).
L’association caritative est totalement transparente sur ses objectifs :
- « L’accompagnement juridique dont peut bénéficier un demandeur d’asile durant ses démarches augmente sensiblement ses chances d’obtenir une protection.
Il est donc essentiel pour le travailleur social chargé de cet accompagnement de maîtriser la constitution d’une demande d’asile et du dossier OFPRA en tenant compte de son cadre d’intervention (plateforme d’accueil, hébergement d’urgence, centre d’accueil pour demandeurs d’asile). Cette formation a pour objectif d’apporter les outils théoriques et pratiques afin de permettre aux professionnels d’accompagner de manière optimum les demandeurs d’asile dans la constitution de leur demande d’asile, la rédaction du dossier OFPRA et du récit de vie, et la préparation à l’entretien à l’OFPRA. »
- Améliorer la qualité de l’information proposée et optimiser l’efficacité de l’accompagnement juridique du demandeur d’asile en étant en mesure de l’aider à constituer sa demande d’asile, à rédiger son dossier OFPRA et à le préparer en vue de son entretien à l’OFPRA en :
– Acquérant une méthodologie pour établir une demande d’asile individualisée et circonstanciée
– Apprenant à soulever les éléments de fait permettant de satisfaire aux conditions juridiques d’obtention d’une protection ainsi qu’à sélectionner et produire les preuves matérielles
– Sachant analyser le sens des questions posées devant l’OFPRA et la CNDA et y apporter des réponses crédibles
- MOYENS & MÉTHODES PÉDAGOGIQUES
• Formation déclinée en modules comprenant une activité découverte, des apports théoriques, des mises en application (étude des cas, techniques d’entretien) et une synthèse
• Échange et analyse de situations pratiques à partir des situations professionnelles des participants
• Diffusion et remise d’un Powerpoint facilitant la prise de notes et un dossier pédagogique à caractère pratique (réglementation, exemples de récit de vie…)
• Visite d’étude à la CNDA
• Constitution du dossier de demande d’asile en vue de sa recevabilité
• L’établissement des faits : les déclarations du demandeur d’asile et les preuves matérielles
• La rédaction du récit de vie ou d’un complément de récit
• Oralité dans la procédure : entretien OFPRA et audience CNDA
Selon Wikipédia, « l’association France terre d’asile a un budget de 68,249 millions d’euros qui provient presque entièrement des subventions publiques (70% du ministère de l’Intérieur). »
Répondant à un article du Monde pointant du doigt les associations recevant le plus de subventions, France terre d’asile précise qu’elle ne reçoit pas de subventions, mais « des dotations en contrepartie de prestations réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de politiques publiques ».
Elle emploie 902 salariés.
Fin 2013, par le biais d’une lettre anonyme, des accusations de détournement de fonds ont été portées à l’encontre de France terre d’asile et de son directeur général, Pierre Henry. L’enquête préliminaire menée par le parquet de Paris a depuis été classée sans suite. Deux plaintes contre X, une de la part du directeur général et une du comité d’entreprise de l’association, ont été déposées.
Robert MARTIN
29/04/2018
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Migrants marchant vers la frontière hongroise – Freedom House [Domaine public] via Flickr