La célébration obligée, incontournable et nécessairement déférente des soixante ans de la Ve République par Emmanuel Macron (à Colombey-les-Deux-Églises comme il se doit pour un Président qui vient de faire ajouter au blason de l'Élysée une croix de Lorraine à vocation syncrétique) nous donne l'occasion de nous pencher sur des Institutions qu'il est de bon ton de louer pieusement pour ne pas avoir à en pleurer l'indicibilité.
Une Constitution se juge sur la durée et se légitimise par sa capacité à résister au temps et aux péripéties, mais aussi par son efficacité à unir, entraîner et faire vivre un pays.
À l’aune du premier critère, les Institutions voulues par Charles De Gaulle, en traversant crises et cohabitations et malgré vingt-quatre révisions constitutionnelles, ont sans doute fait la démonstration de leur solidité systémique. Non pas en tant que pilier de force de la Nation – nous sommes là dans le domaine de la légende et de l’illusion gaulliste - non pas au service de la France et des Français, mais à celui exclusif des hommes et des clans qui se sont succédé à la tête de l’État. C’était leur raison d’être. Elles ont accompli leur mission en étant pour les hommes de l'Établissement le rempart indispensable à leur survie.
Au regard du deuxième critère, la Cinquième République est un mensonge, une imposture, une confiscation et un détournement.
- Mensonge d'un État fort et d'un pouvoir d'autorité. Perdu dans ses rêves donquichottesques de grandeur, De Gaulle à prétendu restituer à l’exécutif toute sa place sans pour autant léser les droits du Parlement… Subterfuge institutionnel dans un décor Potemkine de fausse reconstruction nationale. Résultat : un pouvoir bancal où le Président entre inévitablement en conflit avec son Premier ministre, un gouvernement coupé du peuple, un Parlement croupion, une domination des puissances d’argent sur la vie publique, des médias aux ordres, une Justice disciplinée et une impuissance programmée.
- Imposture d'un régime fondé dans l'ambiguïté et la manipulation, forgé dans la félonie, pérennisé dans la commodité réglementaire et la satisfaction des ambitions personnelles. La Ve République c’est l’État égotiste de De Gaulle, l’État affairiste de Pompidou, l’État libéral avancé de Giscard, l’État cynique de Mitterrand, l'État immobile de Chirac, l'État agité et bling-bling de Sarkozy, le non-État de Hollande et l'État boite de nuit glauque de Macron.
- Confiscation des droits du peuple français à disposer de lui-même par le totalitarisme architectural d’une démocratie de façade et la soumission aux règles du mondialisme.
- Détournement des aspirations nationales à l'identité, à la sécurité, à la prospérité et aux libertés par un tour de passe-passe permanent digne des plus grands prestidigitateurs qui savent tromper la vigilance des spectateurs en détournant leurs regards de l'essentiel.
Avec Emmanuel Macron, la Ve République est entrée dans la phase ultime de la décomposition publique. Par son inaptitude criante à la fonction qu'il exerce depuis seize mois, par son arrogance de classe et sa morgue postadolescente (dernier exemple en date, l'effarante attaque à Colombey toujours, contre une retraitée touchant une pension de 500 euros mensuels sommée de ne pas se plaindre), par son attachement à la finance reine, par son immigrationnisme de substance et de fondement, par son incapacité à porter une vision et incarner une ligne de destin collectif, par sa pratique aussi solitaire que brouillonne du pouvoir, par son attirance marquée vers le vil et le douteux (Benalla, la « party » du 21 juin à l'Élysée, l’exotique séquence avec le braqueur à moitié nu de Saint Martin), par la médiocrité de sa représentation à l'internationale, l’actuel Président de l'agonisante Ve République pourrait bien en être le dernier.
Pour le Parti de la France, seul mouvement politique qui ne soit pas dans la connivence, le relèvement du Pays ne se fera ni dans la continuité ni dans la facilité mais dans un changement réel de régime basé sur un exécutif authentiquement fort en même temps que sur une émanation populaire capable de faire entendre la voix des Français.
Ce régime nouveau pourra alors, enfin, répondre aux attentes de nos compatriotes du retour de la France à l'identité, à la sécurité, au travail, à la prospérité, à l'équité sociale, à l'unité, à la puissance, aux libertés et au respect des valeurs civilisationnelles européennes.
Ce sera l’État national.