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mardi, 20 décembre 2016

Vaucluse : "J'étais policier, aujourd'hui, je suis fonctionnaire de police"

Publié par Guy Jovelin le 20 décembre 2016

Les raisons de la colère qui secoue les commissariats depuis plusieurs semaines sont nombreuses. Des "flics de terrain" vauclusiens ont accepté de témoigner de leur quotidien, entre rage et résignation

Faits divers - Justice - Vaucluse : J'étais policier, aujourd'hui, je suis fonctionnaire de police
4 rassemblements ont déjà eu lieu à Avignon durant l'automne. La mobilisation devrait reprendre après les fêtes de fin d'année.PHOTO ANGE ESPOSITO
Deux mois et demi après l'attaque aux cocktails Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon, en banlieue parisienne, la colère des flics n'est pas retombée. En Vaucluse comme dans la plupart des départements, la mobilisation s'est d'abord organisée via Facebook, avant de déboucher sur la création d'une association. Tenus au droit de réserve comme tous les fonctionnaires, les policiers vauclusiens en colère ont choisi un retraité des leurs pour présider leur Collectif libre et indépendant de la police (Clip 84). "Chez nous, il faut toujours attendre qu'un événement tragique se produise pour que ça bouge...", constate, fataliste, l'un des meneurs de la fronde. Acceptant notre sollicitation, il nous a fait rencontrer des collègues issus des commissariats d'Avignon, d'Orange, de Carpentras et de Cavaillon qui, comme lui, ont participé aux quatre rassemblements nocturnes qui ont émaillé l'automne devant le Palais des Papes. Des policiers "de terrain", ceux qui se relaient dans des conditions précaires pour assurer les missions de "police secours". La base de la pyramide hiérarchique, des sous-brigadiers et des brigadiers comptant entre 15 et 25 années de service que la résignation n'a pas encore gagnés. Pas totalement, du moins : "Quand je suis entré dans la maison, j'étais policier, aujourd'hui, je suis fonctionnaire de police", lâche l'un d'eux sur un ton de dépit. "Au mieux, on est démotivé, au pire, certains font un burn out, d'autres vont jusqu'au suicide...", prolonge un autre.

Et ce n'est pas la dérisoire injonction de "sourire" aux policiers récemment lancée à l'adresse des Français par le nouveau ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux, qui va rebooster leur moral. Le soutien du public, de toute façon, ils sont persuadés d'en bénéficier : "Les gens en ont marre de l'impunité. D'ailleurs, on reçoit beaucoup de messages sur les réseaux sociaux, et lors de nos manifs, les civils étaient presque plus nombreux que nous."

 
Agissant hors du cadre des syndicats, ils n'ont pas plus d'estime pour les politiques. Pour ces flics désabusés, les premiers, "subventionnés par le pouvoir pour assurer la paix sociale", "ne se battent que pour l'avancement et les mutations de leurs adhérents". Et reproduisent le jeu de rôles des seconds : "Les deux organisations majoritaires, Unité SGP-FO et Alliance, c'est comme le PS et Les Républicains. À chaque changement de majorité gouvernementale, l'un ou l'autre accroît son influence".

"Les gens en ont marre de l’impunité. D’ailleurs, on reçoit beaucoup de messages de soutien."

Des élus, ils craignent la récupération partisane. Des représentants de la droite et de l'extrême droite ont bien tenté une approche. "On les a refoulés !", assurent-ils en choeur. "Nous sommes apolitiques", insistent-ils. Et de clamer, conscient d'une conviction qui se développe dans l'opinion : "Nous, on ne veut pas de Le Pen, mais au moins quelqu'un qui a des c... !" Une figure qui ne serait ni Nicolas Sarkozy ("c'est celui qui nous fait le plus de mal") ni Christiane Taubira ("sa réforme de la garde à vue a provoqué un énorme malaise dans les rangs"). Les policiers en colère ne veulent plus de "la politique du chiffre" instaurée par l'ex-ministre de l'Intérieur et Président de la République, qui contraint leurs supérieurs. Tout comme ils rejettent les évolutions législatives adoptées sous le mandat de l'ancienne garde des Sceaux, qui "donnent toujours plus de droits aux délinquants, jamais aux victimes".

Désireux avant tout de "travailler dans des conditions dignes", les policiers frondeurs du Vaucluse rêvent entre autres d'un nouveau commissariat à Cavaillon : dans l'actuel, "mis en cause et victimes se croisent dans le même escalier... puisqu'il n'y en a qu'un !" Sans trop se bercer d'illusions, ils se verraient bien, aussi, conduire des véhicules plus aptes à leur faire remplir leur mission que leurs vieux Peugeot Partner en bout de course, "des bétaillères". Et pourquoi pas s'imaginer plus nombreux ? "A Orange, 33 000 habitants, la nuit, il n'y a plus qu'une patrouille de deux qui tourne. Huit ans en arrière, il y en avait quatre." Un fait divers récent dans la Cité des Princes vient illustrer ce renoncement : "Dans une cité, on s'est retrouvé face à une vingtaine de jeunes qui nous jetait des pierres. On a attendu que les renforts arrivent d'Avignon..."

La quasi-absence de formation est un autre motif d'exaspération : "On fait trois séances de tir avec trente cartouches par an. C'est une obligation minimale qui, dans les faits, est devenue un maximum. Forcément, on n'est pas à l'aise avec une arme." Mais dans ce torrent d'amertume, c'est peut-être "la nullité de la réponse judiciaire" qui se fait le plus entendre. "Je n'aime pas m'en prendre aux juges, consent un de nos interlocuteurs, ils font avec des moyens limités eux aussi. Mais il y a moins de risque à être délinquant que policier aujourd'hui."

Laurent Rugiero

 

Source : laprovence

dimanche, 27 novembre 2016

150 policiers "libres et indépendants" manifestent à Toulouse

Publié par Guy Jovelin le 27 novembre 2016

Par VA. Publié le

A l'appel du "Collectif libre et indépendant de la police" (Clip 31), qui a déposé ses statuts vendredi à la préfecture de Haute-Garonne, environ 150 policiers ont défilé, en dehors d'une attache syndicale, samedi dans les rues de Toulouse. Pour dénoncer notamment le "manque d'effectifs".

© Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées

© Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées

 
La manifestation des policiers en images

Ils rejettent les syndicats de police, dont ils dénoncent "la collusion avec le pouvoir", réclament  "des effectifs suffisants à Toulouse" et regrettent "la déconnection de la hierarchie avec le terrain". A l'appel du "Collectif libre et indépendant de la police" (Clip), environ 150 policiers ont manifesté samedi après-midi dans les rues de Toulouse entre Saint Cyprien et le Monument aux Morts.
© Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées

© Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées


Dans le cortège, nombre véhicules de police et des motards venus "certains pour encadrer la manifestation, d'autres pour la soutenir". 
Une manifestation de policiers "très encadrée" © Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées

© Jean-Pierre Duntze/France 3 Midi-Pyrénées Une manifestation de policiers "très encadrée"


Le Clip, dont les statuts ont été déposés vendredi à la préfecture de la Haute-Garonne, entendait ainsi attirer l'attention sur le "manque d'effectifs policiers à Toulouse". "Il vaudrait mieux en réaffecter un certain nombre dans leurs fonctions premières, sur le terrain, plutôt que de faire des statistiques", explique un parte-parole. Lequel s'en prend également aux syndicalistes décrits comme ayant "les carrières les plus fulgurantes" et "faisant la loi" en matière d'avancement et de mutations. Enfin, le Clip 31 dénonce une hiérarchie "complètement déconnectée du terrain". "Vous pouvez arriver commissaire à 25 ans dans la police et commander 500 ou 1000 hommes sans jamais avoir fait de terrain", regrette l'un de ses porte-parole.
50 policiers en colère manifestent à Toulouse

150 policiers ont manifesté samedi après-midi à Toulouse pour exprimer leur "colère", plus d'un mois après le début d'un mouvement de grogne au sein de la police. Ils dénoncent notamment le manque d'effectifs et la "déconnexion" de leur hiérarchie avec le terrain.


Le mouvement de grogne des policiers, qui avait démarré le 17 octobre sur les Champs-Élysées après l'attaque le 8 octobre de quatre policiers au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne), s'est essoufflé à partir de la mi-novembre.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé une enveloppe de 250 millions d'euros notamment pour de nouveaux matériels et véhicules, et promis un texte législatif fin novembre sur la légitime défense des policiers.

Cependant, des manifestations continuent d'avoir lieu à travers la France. Deux cents personnes se sont ainsi mobilisées jeudi soir devant le commissariat de Chambéry. Ils étaient également jeudi 200 à défiler à Paris entre la Concorde et l'Arc de Triomphe.
 

vendredi, 25 novembre 2016

Bientôt, les habitants de Toulouse pourront aider la police à lutter contre les cambriolages

Publié par Guy Jovelin le 25 novembre 2016

À partir de 2017, un dispositif citoyen va permettre aux habitants volontaires d'aider la police nationale à lutter contre les cambriolages, un véritable fléau à Toulouse.

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Face à la hausse des cambriolages à Toulouse, la police nationale, aidée par la mairie, lance un nouveau dispositif de participation citoyenne. (Photo illustration : Fotolia)

À Toulouse, les cambriolages sont toujours en nombre conséquent. Une hausse de 6,7% a même été enregistrée au premier trimestre 2016 par rapport à la même période en 2015. Ces chiffres ont amené la préfecture à lancer un plan de lutte sur l’ensemble du département au printemps.

> LIRE AUSSI : De plus en plus de cambriolages à Toulouse et en Haute-Garonne : la préfecture veut réagir.

Des référents dans les quartiers pour faire remonter des informations

En fin d’année 2016, un nouveau dispositif est présenté aux habitants de Toulouse. Comme une quinzaine de communes dans le département de la Haute-Garonne, Toulouse va s’inscrire dans une démarche de « participation citoyenne ». Introduit par une circulaire ministérielle de juin 2011, ce dispositif est actuellement présenté aux habitants en commission de quartiers sous la dénomination de « Participation Citoyenne et Quartiers Surveillés ».

En décembre 2016, l’ensemble des quartiers de Toulouse auront été informés de la mise en place de cette opération.

Avec ce nouveau dispositif porté par la police nationale, à qui la mairie apporte une aide pour en faciliter la diffusion auprès des citoyens, nous allons pouvoir compter sur des référents dans chaque quartier de la ville, notamment ceux pavillonnaires. Ces référents feront remonter des informations à la police nationale qui nous permettrons ainsi d’avoir un meilleur ressenti sur les évolutions des cambriolages dans les quartiers, indique Olivier Arsac, élu en charge de la prévention et de la sécurité à la mairie de Toulouse.

Mieux utiliser les effectifs de la police

Pour la police nationale, comme pour la police municipale qui bénéficiera aussi des informations des « référents », l’intérêt sera de pouvoir mieux répartir les effectifs sur le territoire et de faire évoluer les patrouilles en fonction des renseignements fournis.

Les référents, des personnes qui se seront portées volontaires dans chaque quartier, seront régulièrement réunis courant 2017 afin de faire l’interface entre les habitants et la police.

 

David Saint-Sernin

Journaliste

Source : cotetoulouse

dimanche, 30 octobre 2016

Toulouse: manifestation de quelque 400 policiers, soutien des pompiers

Publié par Guy Jovelin le 30 octobre 2016

MP + AFP Publié le

Plusieurs centaines de policiers et leurs familles se sont rassemblés samedi après-midi place du Capitole à Toulouse, où les pompiers leur ont apporté un bruyant soutien

 
Les policiers ont reçu le soutien des pompiers © France 3

© France 3 Les policiers ont reçu le soutien des pompiers

Les manifestants, en civil et au nombre d'environ quatre cents, selon un officier de police en tenue, ont chanté la Marseillaise avant de prendre la direction de la préfecture.

Les pompiers en renfort
Treize véhicules de pompiers, dont certains portaient la mention "pompiers en colère", sont arrivés sur la place du Capitole toutes sirènes hurlantes et sont
passés sous les applaudissements nourris des policiers.
"Les pompiers ont aussi besoin de sécurité et de respect lors de leurs interventions", a commenté un fonctionnaire du commissariat central de Toulouse,
rappelant que les "interventions des secours dans les quartiers sensibles sont toujours appuyées" par les forces de l'ordre.

Mercredi, l'État a annoncé une enveloppe de 250 millions d'euros et un ensemble de mesures comprenant la livraison de nouveaux matériels, dont 21.700 gilets capables d'arrêter les balles de kalachnikov, 8.000 casques, 4.700 boucliers balistiques, 3.080 nouveaux véhicules dès 2017, ou la réfection des commissariats et casernes de gendarmerie.

Insuffisant pour les manifestants
Mais, pour les manifestants, interrogés par l'AFP, toutes ces mesures prises pour calmer la grogne "ne répondent pas aux besoins".
"On a essayé avec un gros chiffre de faire taire la protestation. Seulement, on ne sait pas comment cet argent sera employé", a affirmé un fonctionnaire de la Brigade de nuit, réclamant sous le couvert de l'anonymat "par peur des sanctions", comme ses collègues, des "moyens matériels et humains" ainsi que "des ordres clairs et de la considération de la part de la hiérarchie".
"Ce sont des mesurettes, pas précises. Nous, nous voulons exercer sereinement notre métier", a fait valoir un membre d'une Compagnie d'intervention, déplorant qu'on demande aujourd'hui à "la police de la quantité plutôt que de la qualité".
Son collègue et ami a lui dénoncé "le sous-effectif": "Ça fait 30 ans que je suis dans la police. Je la vois se déliter. Dans notre compagnie, nous étions 80, nous ne sommes plus que 40", a-t-il dit.
 

samedi, 22 octobre 2016

«Ne dis pas à l'école que ton papa est policier...»

Publié par Guy Jovelin le 22 octobre 2016

Résultat de recherche d'images pour "policier"
«Avant, mon uniforme c'était un rempart, aujourd'hui il est devenu une cible». Ou encore : «Tous les matins quand il part au boulot, un flic s'expose à trois risques majeurs : se faire tuer, tuer quelqu'un ou perdre son travail.» Ce constat déjà alarmant dressé par plusieurs fonctionnaires de police n'illustre qu'une partie de la difficulté d'être flic aujourd'hui en France. Dans un contexte où la menace terroriste est quotidienne et alors que les policiers sont devenus des proies désignées par une délinquance prête à tout pour en découdre, les «bleus» en veulent surtout à une «hiérarchie qui ne nous soutient plus du tout». Pierre (prénom d'emprunt) la cinquantaine, plus de 20 ans de métier au commissariat de Toulouse : «La peur ? C'est plutôt la crainte d'être pris en défaut par nos supérieurs et de devoir se justifier pour avoir tiré ou sortie notre arme pour nous défendre. Il y a la peur du faux pas, car en interne, on ne nous laisse rien passer !» Les rassemblements spontanés à la suite des terribles événements de l'Essonne le 8 octobre où des policiers ont été attaqués et brûlés au cocktail-Molotov ne font qu'amplifier le véritable malaise entre les flics de terrain, la base, et une hiérarchie considérée comme «sourde» à la prise en compte de leurs difficultés. À Toulouse, comme ailleurs, ces rassemblements se font en catimini alors que des menaces de sanctions pèsent sur les fonctionnaires bravant l'interdiction. «Après 20 ans de métier, je fais toujours mon boulot avec passion. Je ne lâcherai jamais le terrain car c'est la base. Mais avec un salaire de 2600€ avec 2 enfants à charge qui font des études coûteuses, c'est quasiment impossible de joindre les deux bouts. J'ai fini par vendre ma voiture pour en acheter une plus petite, explique Pierre. Quand on enchaîne les heures, de nuit ou de jour et qu'au bout, l'épuisement physique et psychologique vous gagne, vous aimeriez un peu de reconnaissance et de revalorisation. Or, en 8 ans, certains effectifs ont fondu. On nous demande de ne pas abîmer les voitures, on est presque montré du doigt quand on revient blessé d'une intervention et pendant ce temps, nos patrons devenus carriéristes ramassent les primes…»


Arthur (prénom d'emprunt), jeune flic toulousain de 30 ans «stagne» à 2000€ mensuels depuis 6 ans en étant OPJ (officier de police judiciaire) avec des responsabilités judiciaires importantes. «À Toulouse, le métier est compliqué, dit-il. Difficulté financière d'abord et il vaut mieux éviter de vivre là où l'on bosse… Il y a toujours le risque d'être reconnu par une délinquance ou des groupes radicaux, ultra-gauche ou islam radical, susceptible de vous prendre à partie.» Plus de vie sur les réseaux sociaux et discrétion renforcée. «On porte le gilet pare-balles sur des interventions banales par crainte de subir des attaques». Il n'est pas rare que des fonctionnaires, en route vers leur domicile, se fassent suivre en voiture par de dangereux délinquants ou que les numéros de plaque d'immatriculation de certains policiers tapissent des murs de cités. Des fonctionnaires interdisent à leurs enfants de dire à l'école que papa est flic, «on ne sait jamais les représailles sur le gamin…» «Depuis que l'on a l'autorisation de garder l'arme chez soi, on attend toujours un étui promis par notre administration, poursuit Arthur. Des collègues, moins patients, l'ont acheté avec leur propre denier. Les réformes successives n'ont pas touché tous les corps de la police. Et, nous, la base, on a vraiment le sentiment d'être les laissés-pour-compte au sein d'une administration qui ne nous soutient plus».

Recueilli par Frédéric Abéla

 

Source : ladepeche